La maman de Baptiste, 9 ans, est très inquiète pour son fils.
Il travaille bien à l’école et aime le foot. Il n’a jamais eu aucun problème majeur durant sa scolarité.
Mais voila que suite à un déménagement, il se retrouve parachuter dans une nouvelle école, au sein de laquelle les groupes sont déjà bien formés.
Il y a surtout Etienne et toute sa bande de moutons qui embêtent Baptiste et lorsqu’un autre enfant s’avance pour jouer avec lui, il est traité de traître.
Ce qui refroidit les plus sympathiques.
Du coup, Baptiste se retrouve seul à la cantine et à la récréation.
Même s’il est super triste de pas avoir d’amis, cela ne le dérangerait pas Baptiste, de lire seul sur son banc, mais le directeur n’autorise pas les livres dans la cour…
Ce qu’il se passe pour Baptiste :
– Il se fait bousculer,
– on renverse son plateau,
– on lui interdit de s’asseoir à certaines tables à la cantine,
– on lui pique sa chaise lorsqu’il se lève pour prendre un livre à la bibliothèque.
Comme il est bon élève, il lève souvent le doigt et se fait traiter d’intello.
Baptiste a bien essayé de leur dire d’arrêter, de le laisser tranquille, mais tellement bas et mollement que les autres continuent de plus belle.
Parce que ses « arrêtez ! » reviennent à dire « continuez, de toute façon je ne peux rien y faire ».
Sur les conseils de sa maman, Baptiste est allé en parler à sa maîtresse.
En toute bienveillance, l’équipe pédagogique a convoqué le meneur, le célèbre Etienne, ainsi que ses parents.
Il s’en est tiré avec une punition écrite et une suppression de récréations pendant une semaine.
Pour un leader, c’est presque un trophée de guerre, et ça lui envoie le message que la victime choisie est bien la bonne.
Il faut dire que faire intervenir un adulte, la pseudo autorité suprême, ça excite particulièrement les rebelles.
Et maintenant, Baptiste se fait traiter de Poucave et de gros bébé, et se fait encore plus malmener.
Beaucoup plus discrètement cette fois, le meneur est plutôt inventif, afin de ne plus se retrouver privé de récréations.
La punition est un trophée, mais tout de même.
La maman de Baptiste lui a dit de répondre, de les ignorer, de se faire d’autres amis, d’aller en parler de nouveau à la maîtresse.
Elle a même proposé de rencontrer cette dernière…
Ce à quoi Baptiste a refusé tout net, disant que cela allait empirer les choses.
Il est très futé notre Baptiste. Il a parfaitement compris que faire intervenir un adulte envoyait le message implicite qu’il n’est pas capable de se défendre tout seul, qu’il n’a aucune ressource.
Alors bien évidemment, il était hors de question de laisser Étienne et sa bande agirent en toute impunité, et il a été convenu avec l’accord de Baptiste, de fabriquer ensemble des flèches verbales défensives et percutantes en réponse aux diverses attaques des pénibles.
Ces flèches, lancées au bon moment, devant le bon public, provoquent un inconfort réel au harceleur et envoient le message que finalement « la victime » n’est plus aussi docile et intéressante que précédemment.
Nous avons beaucoup entraîné Baptiste, lors des séances et à la maison avec sa maman.
En imaginant toutes les réponses qu’Étienne pourrait dire.
Et Baptiste a été particulièrement créatif.
C’est le torse bombé et le pas assuré qu’il est retourné à l’école après les vacances de la Toussaint, prêt à en découdre avec son ennemi juré.
Baptiste avait changé de posture, et déjà par son attitude, il disait « allez-y, venez m’embêter, mais il y aura des conséquences ».
L’apprentissage qu’il a fait est durable et lui a donné confiance en ses propres ressources.
Après 2 magnifiques flèches défensives lancées, Etienne et ses sbires ont lâché l’affaire et depuis Baptiste s’est fait 2 supers copains.
Ils reviennent de temps en temps à la charge, mais plus mollement et dorénavant, Baptiste sait comment faire.
C’est un petit garçon de 9 ans, épanoui et toujours aussi bon élève, et sa maman a retrouvé le sourire et laisse son fils gérer seul ses relations sociales.
(Karine Curti Taës – Psychopraticienne thérapie brève)