Qu’elle nous semble loin l’époque où nos préoccupations quotidiennes tournaient autour de l’alimentation, du sommeil, de l’apprentissage de la marche, de la propreté, de l’éveil et de l’éducation de nos bébés…
Et dire que parfois, on trouvait le temps long et les journées répétitives et pesantes !
Mais c’était avant de plonger tête la première dans la « belle » et souvent longue période adolescente…
On nous avait prévenu, et pourtant on a rien vu venir !
Au fil du temps, ou soudainement, les relations deviennent compliquées, tendues, incompréhensibles.
Avons-nous changé ? Nous sommes les mêmes parents, et pourtant, en face de nous se dressent de nouveaux individus, énigmatiques, égocentriques, arrogants, injustes, ingrats et parfois terrifiants et incontrôlables.
Bref, nous voilà entrain de nous balader dans une usine de produits explosifs fortement instables…
ET ON VIENT DE CRAQUER UNE ALLUMETTE….
Alors, on essaie de comprendre, de discuter, on essaie de s’adapter, de négocier en somme, et au moment où l’on pense avoir saisi le mode de fonctionnement de ces nouveaux « mutants », ils décident de changer radicalement de trajectoire et de tactique de sabotage relationnel..
Et nous voilà de nouveau à la case départ, démunis, épuisés physiquement et nerveusement…sur le point de craquer une nouvelle allumette.
Plus on essaie d’entrer en contact, en relation, plus ils nous échappent, évitent, ou piétinent notre amour en attisant sadiquement le feu.
On en perd notre foi en l’humanité, et les conseils des autres parents avisés, qui eux ont réussi brillamment la transition enfant-adolescent-adulte, ne nous aident en rien. Pire, nous agacent au plus haut point. Et soyons honnêtes, on les jetterait volontiers, eux aussi, dans le brasier !
Mais alors, que faire lorsque l’on assiste impuissant à la dérive de notre adolescent ? Quand il ment, sort en cachette, quand il se désintéresse de son avenir et décroche de ses études, quand il fréquente des personnes peu recommandables selon nos critères, quand il s’adonne sans retenue aux jeux vidéos, alcool, cigarettes, joints, quand il nous parle mal et peut même aller jusqu’à la violence physique, quand il dirige cette violence contre lui, se scarifie, malmène son corps en refusant toute nourriture ou en se faisant vomir, quand il refuse en bloc tout contact avec nous, quand il est sans arrêt en colère, agressif, triste, stressé, quand il ne voit pas d’avenir et qu’il a le sentiment de ne servir à rien, d’être nul…?
Et que nous le voyons dangereusement sombrer chaque jour davantage…
L’enjeu n’est pas de transformer nos adolescents en êtres parfaits et dociles…donc parfaitement dociles (bien que l’idée soit tentante, il faut bien l’avouer).
Et fort heureusement, parce que ce sont des adultes en devenir, avec leurs tempéraments, leurs convictions, leurs doutes, leurs contradictions, et qu’il nous faut être à leurs côtés lorsque les séismes, les obstacles, les remises en question se présentent à eux.
L’objectif de la thérapie brève stratégique et systémique est de bloquer les cercles vicieux et de défaire les noeuds relationnels qui font souffrir de part et d’autre. L’apaisement des souffrances permet de modifier les interactions parents-adolescents et de laisser tomber les allumettes incendiaires…
(Karine Curti Taës – Psychopraticienne thérapie brève)